La métamorphose de Bossa Nova

Publié le par Lukaleo

        Vanitas ! Vanitas ! Oui, j’en appelle à toi, sombre et menaçante absurdité de la vie, terrifiante et triste bouffissure de la condition humaine, superbe et inamicale fatuité de l’existence, moi qui te voudrais comme auréole céleste de ma soixantième chronique…  Car cette chronique sera à mon image : consciente dans les plus profond replis de son âme présomptive de la nullité qui la nimbe, de la vacuité qui la compose, et du génie qui l’illumine parfois, le temps infime d’un ultime battement de cœur, pour un cardiaque en phase terminale. Je sens en moi, monter la colère, la foudre et le courroux du pamphlet, la chaire et le sang m’enivre les narines, je veux faire couler les larmes : bon dieu ! Je suis Ronchon ! Je suis le chef de file rabat-joie de la lutte contre l’optimisme et la jovialité, et sacré nom d’un chien je vous le dis : ça va chier !

       Après cette introduction faussement grandiloquente, revenons si vous le voulez bien aux affreusetés minables qui constitue ce que je crois être notre frivole civilisation déliquescente… Tandis que notre première dame nymphomane écrit des articles vengeurs et furibonds contre la publication voyeuriste d’article qui n’ont à ses yeux de journalistique que le nom, et en réussissant le pari fou et non moins audacieux de convoquer dans le même paragraphe Pierre Augustin Caron de Beaumarchais et Gad Elmaleh (ce qui se passe de commentaires), vient d’arriver « Sarkozy 2 : le retour »… C’est en effet la suite d’une épopée dantesque qui raconte le furieux quinquennat de notre président… La première partie racontait son arrivée au pouvoir, après une conquête magnifique et digne des grands instants de notre histoire.

           Au début, tout va bien, il surprend tout le monde, fait beaucoup de coups, reste très haut dans les sondages… Mais au fur et à mesure qu’il prend conscience de sa position historique et de son pouvoir gigantesque, le successeur légitime de Louis XIV, de Napoléon Bonaparte et de Charles de Gaulle, s’est mis à déconner : yacht, jet privée, divorce, coups politiques dangereux, stratégie manifestement inefficace, désacralisation à outrance d’un pouvoir présidentiel américanisé et tout ce qui s’en suit… Ayant pourtant mit sous sa botte une droite domptée, à enterrer une gauche dangereusement inexistante, à chier sur un centre déconfit, à marginaliser une extrême droite pompée et à ridiculiser des anti-capitalistes démodés, le président, qui avait devant lui un boulevard historique, est devenu impopulaire, avec à ses côtés un premier ministre silencieux que le peuple a ériger au rang de rock star plus connue que le Christ lui-même…

 

          Cette première partie était donc une sorte de « grandeur et décadence » romantique, où s’exprimait la folie subite et soudaine d’un homme ivre de pouvoir qui perd ses esprit, épopée dégénérescente d’un chef d’Etat pris dans la tourmente d’un vertige face à l’énormité de la tâche qui est la sienne, tiraillé par ses volontés furibardes et contradictoires de bousculer ce vieux pays transi de révolutions ou de sombrer dans le plus penaud chiraquisme d’antan…  Devenu vulgairement impopulaire, raillé par ses pairs, n’ayant pas rendu tout possible, le petit Nicolas va pourtant se relever, et renaître de ses cendres, petit à petit, jour après jours, pendant de long mois de souffrance et de la beur acharné sous le soleil noir d’une impopularité déchirante…

 

         Pour cela, il va reprendre la prestance présidentielle qu’il avait singulièrement abandonnée ! Lui qui avait voulu moderniser ce pays, le faire rentrer dans le grondante aventure du troisième millénaire en abandonnant le monarque républicain qui pesait sur lui comme une chape de plomb, va dès maintenant, comme répondant aux appels paternel d’un pragmatisme qui le lui ordonne expressément, se couronner d’un peu de gaullisme à l’ancienne, pour redonner de luisance à sa sombre côte de popularité mélancolique… Cérémonie solennelle sur les poilus, moins d’interventions, plus de splendeur et de pompeux, le nouveau président est arrivé, et il est tout à fait dans la norme de ce qui semble être l’idéaltype schumpétérien du président de la cinquième république…

 

         Voyons ce que ça donne, est en attendant, délectons du plaisir simple et saint de l’imagination, et songeons à la beauté très berlinoise de jeux olympiques qui seront organisés dans un état on ne peux plus démocratique et où l’on se fait gentiment massacrer quand on esquisse d’un mouvement discret des lèvres, l’horrible affreux puant mot blasphématoire : « Dalaï… » 

Publié dans Chroniques de Ronchon

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